jeudi 25 mars 2021

Voltaire a disparu !

 Sur ce piédestal se dresse d'habitude la statue de l'un des grands esprits du Siècle des Lumières : Voltaire. Aujourd'hui, ce piédestal est déserté ! Où est passé le grand homme ? A-t-il refusé ce troisième confinement (qui n'en est pas un), au nom des libertés fondamentales ? Est-il allé se faire vacciner ? Est-il parti se mettre au vert dans une éventuelle maison de campagne, à Ferney-Voltaire, par exemple ? Est-il allé dans une clinique spécialisée dans la remise en forme des hommes de pierre ? Le mystère reste entier. Son compatriote et compagnon de jardin Montesquieu s'est montré plus résilient : il est resté à son poste, à demi-dissimulé par les buissons. (Au début de la rue de Seine, dans le 6e).

mercredi 24 mars 2021

Épidémie de Nounours

 Si vous habitez Paris, vous l'aurez sans doute remarqué : les Nounours ont envahi la capitale. Ils sont tranquillement installés en devanture de plusieurs bistrots de la Rive Gauche, et semblent prendre le bon temps qui nous est (encore) interdit. Ces plantigrades sont heureux : ils ne risquent pas la contamination. Pour eux, les variants anglais ou sud-africains sont des abstractions. Selon le regard que l'on porte sur eux, ils nous narguent, ou ils évoquent le retour prochain de plaisirs civilisés : être installé à une terrasse de café, lisant la presse, et regardant les jolies femmes qui passent, que l'on espère enfin démasquées.


mercredi 17 mars 2021

Triste Anniversaire

 Il y a un an aujourd'hui, le 17 mars 2020, la France entière était séquestrée à la maison, pour cause de pandémie virulente et galopante. Parti de Wuhan (on le suppose), ce micro-organisme invisible à l'œil nu avait su profiter des moyens de communications modernes pour visiter la planète entière en un temps record. 

En un an, ladite planète a connu le pire et le meilleur : quelques ploutocrates traitant la maladie de "grippette", recommandant des remèdes incertains (avaler du détergent !), mais aussi, et surtout, un immense dévouement des soignants de toute la planète, et la mise au point de plusieurs vaccins en moins d'un an, ce qui relèverait presque de la science-fiction. Nous avons dû apprendre à avancer masqués, à nous laver les mains 12 fois par jour, à ne plus embrasser personne, à ne plus toucher personne, à garder ses distances, c'est-à-dire à vivre de façon parfaitement inhumaine. 

En ce jour anniversaire le gouvernement annonce des mesures plus drastiques pour l'Île-de-France, après les Hauts-de-France et la région PACA. Pour utiliser un cliché bien connu, le bout du tunnel n'est pas encore en vue. Une petite consolation : il devrait faire beau ce week-end.

lundi 15 juillet 2019

Les Ciseaux et les couteaux

La rue des Ciseaux n'est pas un coupe-gorge ; elle relie sans coup férir le boulevard Saint-Germain à la rue du Four. Dans cette rue étroite et modeste se cache une merveille : l'un des meilleurs restaurants de sushi de Paris. Derrière son comptoir, le chef manie les redoutables couteaux japonais avec la sureté d'un samouraï, pour vous servir sushi et sashimi raffinés et savoureux, qui sont une expérience mystique pour les papilles. Rive gauche, nous aimons accompagner ces sushi d'une bière japonaise (Kirin de préférence), et ce mariage est pour le meilleur.
Le nom de ce restaurant est très proche de celui du marché aux poissons de Tôkyô, le plus grand du monde ; vous trouverez facilement, grâce à l'omnipotent Google.


mardi 22 mai 2018

Un Art nommé Roman

Je vis à Paris depuis plus de 30 ans, et je ne me lasse pas de contempler ce clocher, dont la simple élégance me réjouit à chaque fois. L'art roman exprimait dans sa pureté la simplicité de la foi, la modestie d'une existence, avant que le gothique ne vienne tout compliquer.
L'église Saint-Germain est un raccourci de l'évolution : le clocher est purement roman, l'arrière gothique primitif. Pendant un temps, cette église fut la sépulture de quelques rois mérovingiens, dont le règne a été décrit par Fustel de Coulanges, un historien du 19e siècle, comme "un despotisme, tempéré par l'assassinat".
Aujourd'hui, en des temps (à peine) plus civilisés, ce clocher veille sur la douceur de vivre du quartier. Construit entre 990 et 1014, il a su résister à toutes les tentatives des urbanistes pour détruire la beauté partout où ils le pouvaient, ce qui tient du miracle.
Tout à côté passe la ligne de métro numéro 4, la ligne cinq fois sanctifiée (Strasbourg-Saint-Denis, Saint-Michel, Saint-Germain, Saint-Sulpice, Saint-Placide). De l'autre côté passe la rue de l'Abbaye. C'est dans ce quartier fortement connoté en références chrétiennes qu'est né l'existentialisme, dont quelques traces subsistent aux alentours de l'église (plaques commémoratives et photos dans les illustres débits de boissons avoisinants).
Malgré une dégradation certaine du quartier au fil des années (le prêt-à-porter a envahi les rues comme une épidémie, chassant les librairies), il y a tout de même un après à Saint-Germain-des-Prés. 


jeudi 10 mai 2018

Monna et Marie-M.

Si c'est pour aller au musée du Louvre, on peut s'aventurer Rive droite (la photo date de l'année dernière, mais je l'ai mise parce que j'aime bien la forme du nuage au dessus du musée). Passez donc la Seine et commencez par admirer la pyramide de Ieoh Ming Pei, architecte de grand talent et de grande culture, qui a compris que cette forme parfaite était la seule possible au milieu de cet endroit magnifique (peu de Parisiens prennent le temps de la regarder vraiment).
Cette pyramide entre en résonance avec l'obélisque de la Concorde (entre Égyptiens, on se comprend) et elle entre en conflit avec quelques acariâtres, qui ne la supportent toujours pas plus de 25 ans après sa réalisation (Stendhal disait : "On reconnaît un grand homme à ce que, 100 ans après sa mort, il a encore des ennemis"). Pei est déjà grand, de toute façon.
Ensuite, rendez visite à Monna (oui, avec deux "n", vérifiez sur louvre.fr), c'est un rituel, mais n'oubliez pas d'admirer dans la même salle "L'homme au gant", "La Femme au miroir" et "Le Concert Champêtre" de Titien, trois merveilles, et dans la Grande Galerie non loin, Le portrait de Baldassare Castiglione, de Raphaël, "La Diseuse de bonne aventure" du Caravage, et "La Vierge à l'Enfant avec Sainte-Anne", la plus belle toile (selon moi) de Léonard.
Quand vous frôlerez l'overdose du fait de tant de beauté accumulée, allez faire un tour au Carrousel du Louvre, passez la pyramide inversée sous laquelle est enterrée Marie-Madeleine (si l'on en croit le Da Vinci Code), sortez par la Porte des Lions et regagnez bien vite la Rive gauche, pour vous remettre de toutes ces émotions.

(Je n'ai pas osé reproduire les photos des tableaux, de peur qu'un copyright furieux ne s'abatte sur mon blog et m'envoie en prison).

Photo Benh Lieu Song, Creative Commons.


mercredi 9 mai 2018

La frontière des Saints-Pères

La rue des Saints-Pères est une frontière. Elle marque la limite entre mes deux arrondissements préférés, le 6e et le 7e. Si vous regardez vers le boulevard Saint-Germain (photo), le trottoir de gauche est dans le 6e, celui de droite dans le 7e (ce qui semble approprié). Si vous parcourez la rue en changeant de trottoir tous les 10 mètres, vous changez aussi d'arrondissement. Cela peut être grisant.
À propos, connaissez-vous le principe de la numérotation des rues à Paris ? Si les rues (et avenues) sont plus ou moins perpendiculaires à la Seine, les numéros partent du plus près de la Seine. Si les rues sont parallèles à la Seine, les numéros vont dans le sens du courant, de l'amont vers l'aval. C'était notre rubrique "De l'importance de la Seine dans les rues de Paris" (autre développement futur : "crues").